On pense rarement à la faim quand on évoque la pandémie de Covid-19. Pourtant, force est de constater que la crise sanitaire a aggravé la faim dans le monde, selon les données concordantes de plusieurs ONG et du Programme alimentaire mondial (PAM). On fait le point.
Covid-19 et lutte contre la faim dans le monde
Mettre un terme à la famine dans le monde à l’horizon 2030. C’est l’objectif que se sont fixé les Nations unies il y a de cela 5 ans. Selon l’Indice de la faim dans le monde, bien que des progrès notables aient été enregistrés en matière de lutte contre la famine dans le monde au cours des années 2000, la crise sanitaire mondiale est venue remettre en question les avancées accomplies.
L’indice révèle que près de 700 millions de personnes souffrent aujourd’hui de sous-alimentation dans le monde. Même son de cloche du côté du PAM, qui prévoit que le nombre de personnes souffrant de famine dans le monde devrait passer de près de 150 millions à plus de 270 millions avant la fin de l’année, en raison de la pandémie de Covid-19. Ainsi, plusieurs organisations humanitaires mettent en garde contre la création de nouveaux épicentres, particulièrement dans les pays où la situation d’insécurité alimentaire était déjà critique avant la crise sanitaire.
La situation s’aggrave dans les pays fragiles
La crise sanitaire n’a fait qu’aggraver la situation de la famine dans les pays qui souffraient déjà d’insécurité alimentaire. C’est notamment le cas de certains pays d’Afrique de l’Ouest et de la région du Sahel (Mali, Mauritanie, Niger, Burkina Faso, Nigeria, Sénégal, Tchad…). C’est ce qui a conduit à la création de nouveaux foyers de famine extrême. Il faut savoir qu’en raison des changements climatiques et des conflits, plus de la moitié de la population de ces régions était en situation d’insuffisance alimentaire. La pandémie et le confinement qui s’en est suivi pour contenir le virus n’a fait qu’aggraver une situation déjà critique.
En effet, les restrictions de mobilité ont participé à l’accroissement de la vulnérabilité de ces populations. De plus, en raison des pertes d’emplois, particulièrement dans le secteur informel, plusieurs personnes se sont retrouvées en situation de vulnérabilité, alors qu’elles n’étaient pas considérées à risque avant la crise sanitaire. Ainsi, on estime que le nombre de personnes souffrant de la faim est passé de 11 à 17 millions dans la région.
Le confinement accélère la faim
Plus que la pandémie, c’est le confinement et les restrictions qui le caractérisent qui font le plus mal aux populations vulnérables. En effet, dans la région du Sahel par exemple, les restrictions de mobilité transfrontalière ont privé les éleveurs de déplacer leur bétail à la recherche de meilleurs pâturages entre les mois de mars et juin. Cela a eu pour conséquence de mettre en danger les troupeaux. De plus, les mesures de confinement ont eu de grandes répercussions sur l’approvisionnement alimentaire, plus particulièrement les denrées périssables (fruits, légumes…).