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Faire repousser 73 millions d’arbres en Amazonie brésilienne, c’est l’objectif ambitieux, certains diront audacieux, que s’est fixé le Brésil. Alors que la pandémie mondiale et une augmentation des incendies en Amazonie ont retardé le projet, l’initiative, lancée en 2017, a atteint près de 20 % de son objectif de restauration de la forêt, selon Conservation International au Brésil, l’un des nombreux partenaires impliqués dans sa mise en œuvre.

Une initiative audacieuse

Lancée lors d’un festival de musique brésilien, l’initiative vise les zones situées à la lisière sud de la forêt amazonienne, appelée « arc de déforestation » du Brésil, ainsi qu’au cœur de la forêt, où la régénération naturelle est encore possible. En restaurant ces forêts qui absorbent le carbone, l’initiative vise à aider le pays d’Amérique du Sud à respecter ses engagements en matière de climat dans le cadre de l’accord de Paris, ainsi que son objectif de reboiser 12 millions d’hectares de terres d’ici 2030.

Le projet comporte deux volets : Amazonia Live, une initiative menée par le festival de musique Rock in Rio en collaboration avec Conservation International et l’Instituto Socioambiental, un organisme brésilien à but non lucratif ; et le projet de paysage durable en Amazonie, une collaboration entre Conservation International, le ministère brésilien de l’environnement, le Fonds pour l’environnement mondial, la Banque mondiale et le Fonds brésilien pour la biodiversité.

En somme, l’initiative est une expérience visant à « déterminer comment faire de la restauration tropicale à l’échelle, afin que les gens puissent la reproduire et que nous puissions faire baisser les coûts de façon drastique », a déclaré M. Sanjayan, PDG de Conservation International, avant de poursuivre : « C’est un projet d’une audace incoryable. Le sort de l’Amazonie dépend de sa réussite – tout comme les presque 30 millions de résidents de la région, ses innombrables espèces et le climat de notre planète. »

La méthode « muvuca »

L’une des caractéristiques les plus remarquables de l’initiative est l’utilisation d’une méthode de plantation de graines appelée « muvuca », largement préconisée par l’Instituto Socioambiental comme moyen de réduire les coûts de restauration. Contrairement aux efforts de reboisement habituels, dans lesquels les jeunes arbres sont plantés un par un, la méthode « muvuca » consiste à répandre un mélange important et varié de graines indigènes dans les zones ciblées, afin d’assurer une plus grande diversité d’arbres.

Les résultats de cette technique ont dépassé les attentes, selon les experts. « Nous constatons un rendement en arbres trois fois supérieur à nos estimations initiales », a déclaré Miguel Moraes, du bureau brésilien de Conservation International. « Au lieu de 3 millions d’arbres poussant sur 1 200 hectares, comme nous l’aurions prévu, nous estimons à 9,6 millions d’arbres dans la même zone », a-t-il ajouté. « C’est un très bon résultat, et cela permet d’espérer surmonter le défi de la réduction des coûts de restauration pour permettre une reforestation à grande échelle. »

Cela dit, cet effort de reforestation n’a malheureusement pas échappé à la dure réalité de l’Amazonie brésilienne… Certaines zones restaurées ont en effet été brûlées, et les experts attendent de voir si elles peuvent se régénérer d’elles-mêmes. Enfin, rappelons que ces incendies ont tous été provoqués par l’homme, généralement pour défricher les forêts en vue de l’agriculture et de l’élevage.