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Le projet d’oléoduc EACOP de TotalEnergies  (Oléoduc de Pétrole brut d’Afrique de l’Est) ne finit pas de faire parler. Des ONG ont en effet récemment tiré la sonnette d’alarme sur les retombées négatives, tant au niveau environnemental qu’humain, en Ouganda et en Tanzanie. Explications.

Un oléoduc de 1 400 km de long

Il convient tout d’abord de commencer par rappeler l’objectif du projet d’oléoduc EACOP porté essentiellement par TotalEnergies. Cet oléoduc sera chauffé et long de 1 400 km (soit le plus long du monde !) afin d’acheminer du pétrole entre le lac Albert en Ouganda jusqu’au port de Tanga en Tanzanie.

Mais des ONG alertent l’opinion mondiale sur les impacts environnementaux et humains de ce projet pharaonique. Si les prémices de cette mobilisation concernaient jusqu’à présent l’Ouganda, cela concerne désormais également la Tanzanie. Des dizaines de témoignages, essentiellement d’agriculteurs bafoués, sont aujourd’hui mis en lumière. Ainsi, Thomas Bart, chercheur et membre de l’ONG Survie qui a passé plusieurs semaines en Tanzanie, déclarent que « les violations sont dans l’ensemble bien pires que ce qui a déjà été documenté en Ouganda, c’est un accaparement des terres à très grande échelle, et ils n’ont aucun soutien du fait du système répressif en Tanzanie ».

Un risque humain et environnemental élevé

Le groupe Total n’a pas tardé à réagir face à ces accusations, assurant que les droits des communautés étaient strictement respectés et que le projet suivait « les meilleurs standards internationaux ».

Thomas Bart explique à ce sujet que « sur le papier, ce que dit Total, c’est très bien. Le problème, c’est la mise en œuvre du projet, où on voit qu’il y a des manques à tous les niveaux ».

Selon lui, il y aurait de sérieux manquements quant à la prise en compte de potentielles fuites de pétrole sur terre ou en mer mais aussi des risques environnementaux. « À aucun moment, Total ne présente un plan de gestion des fuites. On parle d’une zone, où, sur les vingt dernières années, il y a eu plus de 300 tremblements de terre ».

Les ONG estiment que des aires pourtant protégées, où des espèces rares et emblématiques évoluent  (à l’image des éléphants, des chimpanzés, des tortues marines ou encore des dugongs), risquent fortement d’être affectées.

Juliette Renaud, de l’ONG les Amis de la Terre, prend position : « on parle d’un méga projet pétrolier avec un oléoduc qui sera chauffé à 50 degrés et qui fera plus de 1 500 kilomètres de long. Il traversera de nombreux espaces protégés, comme le bassin du Lac Victoria, la plus grande réserve d’eau douce en Afrique, et tout cela pour aboutir au port de Tanga, en Tanzanie, et là on se retrouve avec un port pétrolier au milieu d’une biodiversité marine protégée, avec des risques de marée noire, car cette zone est soumise à des risques de tsunami. Des scientifiques et des experts le disent aussi, ils ont étudié les études d’impact de Total et qui disent qu’en fait il est sûr qu’il y aura des fuites et que les mesures prévues par Total sont totalement insuffisantes. On parle aussi du risque climatique : dans ses études d’impact, Total prend en compte moins de 2% des émissions de gaz à effet de serre qui seront liées à ce projet EACOP ».