Sélectionner une page

Souvent, les terres tropicales se retrouvent fortement dégradées une fois qu’elles ont été utilisées pour la culture agricole. Or, il faut savoir que ce mauvais état des sols peut retarder la reforestation… de plusieurs décennies ! La solution ? Des chercheurs de l’ETH-Zurich et de l’Université d’Hawaï l’ont peut-être trouvé. Il s’agit de la pulpe de café, un résidu de la culture et production du café qui aurait un gros potentiel de restauration des forêts par l’amélioration de la qualité du sol.

Des résultats spectaculaires au Costa Rica

Accélérer la récupération des forêts tropicales sur les terres post-agricoles : voici le principal enseignement tiré de l’étude que nous évoquions, menée au sud du Costa Rica dans le comté de Coto Brus. Il s’agit d’un test grandeur nature, réalisé dans une ancienne ferme de café, actuellement en cours de transformation en forêt pour la conservation. Définissant deux zones distinctes (zone de recherche et zone témoin), les chercheurs ont étalé la pulpe de café en une couche d’une épaisseur d’un demi-mètre sur la zone de recherche. Avant cela, ils ont analysé des échantillons de sol pour identifier les éléments nutritifs présents avant l’application de la pulpe de café. La même analyse a été réalisée deux ans plus tard.

L’étude a consisté en l’étalage de 30 camions à benne de pulpe de café sur une zone de 35×40 m de terre dégradée par l’agriculture au Costa Rica, tout en délimitant une autre zone sans pulpe (zone témoin) de taille similaire. De l’aveu de Rebecca Cole, l’auteure principal de l’étude, « les résultats ont été spectaculaires. La zone traitée avec une épaisse couche de pulpe de café s’est transformée en une petite forêt en seulement deux ans, tandis que la parcelle témoin est restée dominée par des herbes de pâturage non indigènes ».

Pulpe de café : méthode efficace de reforestation ?

A première vue, oui, la pulpe de café est une méthode efficace de reforestation. La preuve en chiffres : 80% de couvert forestier dans la zone traitée à la pulpe de café, contre seulement 20% dans la zone témoin. De plus, la zone traitée à la pulpe de café avant une canopée 4 fois plus haute que celle de la zone témoin voisine. Les résultats ne s’arrêtent pas là… En effet, l’ajout de la couche de pulpe de café d’un demi-mètre d’épaisseur a permis d’éliminer les herbes envahissantes des pâturages qui dominaient le sol. Il faut savoir que ces graminées sont souvent le principal obstacle à la succession forestière. Leur élimination a permis aux arbres indigènes, dont les graines sont arrivées par le vent et la dispersion animale, de recoloniser rapidement la zone traitée à la pulpe de café.

Par ailleurs, les chercheurs ont pu constater qu’après deux ans, les nutriments de la zone traitée étaient beaucoup plus élevés par rapport à la zone témoin (carbone, azote, phosphore…). Tout cela pour dire que les résultats de cette étude menée à partir de  au Costa Rica sont très prometteurs, d’autant plus qu’il s’agit d’une méthode peu coûteuse qui peut être utilisée à grande échelle grâce à la disponibilité de grandes quantités de pulpe de café dans la région.