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Des milliers de civils ont été forcés de fuir leur foyer alors que les combats au Soudan entrent dans leur troisième semaine. Dans la capitale, la pénurie alimentaire menace la vie des habitants les plus vulnérables. Le Soudan, qui souffrait déjà d’un manque de ressources humanitaires avant le début de ce conflit, est maintenant confronté à une crise encore plus grave, exacerbée par les combats en cours. Selon les Nations unies, jusqu’à 15,8 millions de personnes, soit un tiers de la population, avaient besoin d’aide humanitaire avant cette escalade récente. Les chiffres indiquent également que 4 millions d’enfants et de femmes enceintes ou allaitantes souffrent de malnutrition.

Une situation qui ne cesse de se détériorer

La situation s’est fortement détériorée depuis le début des hostilités, avec environ 3,7 millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays. Selon Joyce Msuya, adjointe du secrétaire général de l’ONU pour les affaires humanitaires, les combats aggravent rapidement une crise humanitaire déjà grave et la transforment en une catastrophe imminente. Les répercussions du conflit se feront sentir dans toute la région et pourraient plonger l’Afrique de l’Est dans une crise humanitaire, selon le Programme Alimentaire Mondial (PAM).

Les conséquences de la nouvelle vague de réfugiés pourraient être dramatiques, notamment pour les pays voisins partageant une frontière avec le Soudan, tels que le Tchad, le Soudan du Sud, l’Ethiopie, l’Erythrée, la Libye et la République centrafricaine (voir également pages 6 et 22). Ces pays ont vu affluer des milliers de réfugiés au cours des derniers jours et font face, tant bien que mal, à l’arrivée de populations traumatisées. « Avant cette dernière crise, le Soudan avait déjà accueilli plus d’un million de réfugiés et comptait 3,7 millions de déplacés internes », rappelle Olga Sarrado, porte-parole mondiale de l’UNHCR. Elle ajoute que la gestion de ces nouveaux flux de réfugiés est plus complexe que jamais. « Dans ces pays, les opérations humanitaires, qu’il s’agisse du HCR ou d’autres ONG, n’ont pas reçu les fonds nécessaires pour répondre aux besoins de la population », explique-t-elle.

D’autres pays de la région sont directement impactés

Des hausses de prix des denrées alimentaires ont été observées dans plusieurs pays de la région, dont le Tchad et le Soudan du Sud voisins, qui ont accueilli des milliers de réfugiés soudanais fuyant les combats. Cette crise migratoire est intervenue alors que la région souffrait déjà de sécheresse depuis plusieurs années. Avant même le début des hostilités, le Programme Alimentaire Mondial alertait sur le manque de moyens au Tchad. Sans financement supplémentaire, l’assistance alimentaire serait interrompue à 100% en mai 2023 pour les réfugiés et les personnes déplacées à l’intérieur du pays, prévenait Pierre Honnorat, directeur du PAM au Tchad. Pour le Soudan du Sud, où plus de 800 000 Sud-Soudanais sont réfugiés, le retour des réfugiés sud-soudanais et de nouveaux réfugiés ajoutera une pression supplémentaire. Selon Marie-Hélène Verney, représentante du HCR au Soudan du Sud, « le scénario le plus probable est de 125 000 retours de réfugiés sud-soudanais et de 45 000 réfugiés ».